LA CAPITADE
Entre 2005 et 2012, le Forom des Langues du Monde a été précédé de la Capitada.
Extension logique du forom du dimanche (où l’on retrouve les mêmes langues, les mêmes artistes) mais dans un cadre et un esprit différent : l’absence de scène surélevée et sonorisation, le côtoiement de conférenciers universitaires et de raconteurs de blagues, la nuit tombante, le fait que ce soit la première, tout cela oblige à ce que nous soyons tous organisateurs (association et public) pour inventer une nouvelle forme de notre vivre ensemble.
Il s’agit donc d’un exercice pratique de « conviviença ». Non pas l’étalage d’une « co-existence » possible dans la tolérance feutrée, mais la mise en scène, sur une espace réduit, d’une aventure commune : la réussite de cette soirée est d’autant plus conditionnée par la force des rencontres et des débats entre tous que ces rencontres et ces échanges sont, en fait, le but lui-même.
(* Capitade : francisation de capitada, succès, du verbe occitan capitar, réussir. C’est le nom que nous donnons à cette longue soirée de paroles, musiques, danses…, qui est aussi un hommage à la place Jama El Fna de Marrakech)
Plus de 120 langues représentées
Afar, akkadien, albanais, allemand, alsacien, amharique (Éthiopie), anglais, arabe dialectal et arabe littéral, araméen-assyrien-soureth, arménien, assyrien-syriaque, asturien, aymaya, bambara, bassa, bengali, berbèretamazight, breton, bulgare, castillan et castillan du Mexique, catalan, chinois-mandarin, coréen, corse, créole (réunionnais, antillo-guyanais, mauricien, haïtien), croate, danois, dwala, espéranto, euskara-basque, ewé, ewondo, fabla, farsi, finnois, flamand-néerlandais, fon, français, francique-platt, frioulan, frison, gaélique d’Écosse, gaélique d’Irlande, galicien, gallois, géorgien, grec, grec ancien, guarani, hébreu, hmong, hongrois, islandais, italien, japonais, judéo-espagnol, judéo-occitan, khmer, kiowa, kurde, kurmanci, lakota, langue des signes (français), langues africaines (houssa, mandingue, shikomori, swahili, wolof…), langues amérindiennes d’Amérique Latine (aymara, mapuche, nahualt, quechua…), langues canaques (nengoné, drehu, iaaï, houaïlou), langues d’Oïl (champenois, gallo, morvandiau, picard, normand, poitevin-saintongeais, wallon), langues de Guyane, langues de l’Afghanistan (dari, pachtou…), langues de l’Indonésie (indonésien, javanais…), langues enseignées par l’Éducation Nationale, lao, latin, lingala, malayalam (kérala, Inde), malgache, maya, mongol, monopolitan (pouilles, it), moré, néerlandais, népalais, norvégien, occitan, oromo, ossète, ourdou, ouzbek, pataouète (Bab El Oued), pedi, persan, polonais, portugais et portugais du Brésil, rom-romani (gitans), roumain, russe, sango, sanskrit, sarde, serbe, shipibo-conibo, slovaque, slovène, soto, suédois, tamoul, tchèque, tcherkesse, tchétchène, tchouvache, thaï, tibétain, tsigane, tswana, turc, ukrainien, vietnamien, xhosa (Afrique du Sud), yiddish, yoruba, zaza, zazaki, zoulou, …
la langue de bois, la langue de vipère, et d’autres encore !
Le Forom des Langues du Monde est né à Toulouse, en 1992.
C’est la réflexion sur la langue et la culture occitane qui nous a amené, de prime abord, à nous intéresser aux autres langues/cultures du monde, dites minorisées, faisant nôtre l’idée de Félix Castan selon laquelle « les occitanistes ne peuvent défendre leur propre langue qu’en défendant toutes les langues du monde menacées ou déjà victimes de minorisation, occultation, disparition ».
Mais tout de suite après, par un embrassement plus général de la géopolitique culturelle internationale et une analyse affinée de ce qu’est une langue, nous avons décidé de nous intéresser à toutes les langues du monde, minorisées ou triomphantes, y compris les langues dites mortes. Donnant ainsi à l’occitanisme un rôle international, de premier plan, dans l’ambition de comprendre et d’expliquer à nos contemporains les enjeux de la guerre des langues et des cultures (dans laquelle nous comptons les religions) qui, spectaculairement ou non, agitent tous les peuples de la planète.
L’organisation du Forom des Langues
Notre Forom s’est immédiatement présenté ainsi :
* une foire aux langues installée en plein air (place du Capitole) où des locuteurs/promoteurs des langues parlées à Toulouse (plus de 180) illustrent leur patrimoine sur des stands (initiation aux langues, présentations de livres, vidéos, calligraphie, cartes, chansons, discussions, etc).
* parallèlement, toujours en plein air, des débats de très haut niveau, mélangeant les contributions d’experts internationaux et celles de la population, sur toutes ces questions.
Ce qui est remarquable, c’est que l’organisation même de la « foire » fait, performativement, ce que disent nos principes. En effet :
* Nous installons toutes les langues/cultures à égalité sur la place (pas de grands stands pour les « grandes » langues et de petits stands pour les « petites » langues), établissant ainsi en acte la vérité scientifique de l’égalité linguistique des langues et la revendication de leur égalité en droit.
* Nous considérons tout ce qui est parlé par les hommes comme des langues (pas de dialectes, de patois, etc.) pour combattre l’idée qu’existeraient des « sous langues », qui mène toujours à l’idée qu’il existerait des « sous hommes ».
* Enfin, notre forom n’est pas un salon : non seulement parce qu’il se déroule en plein air et qu’il est libre d’accès mais aussi parce que le commerce n’y est pas le but, et que les stands ne sont pas tenus par des entreprises mais par des représentants de chaque langue/culture, bénévoles d’associations.
Les résultats
Notre Forom connaît un succès public (de 2 à 3000 personnes y passent chaque année) comme « foire aux langues ». Les débats touchent bien évidemment un public plus restreint mais, d’année en année, nous voyons que le pari de conserver au plus haut le niveau des débats entraîne un noyau de gens de plus en plus grand et a des conséquences sur la vie culturelle toulousaine (multiplication des cours de langues, échanges entre communautés, niveau des maîtrises et des thèses).
Il a parallèlement connu un succès à l’extérieur, de nombreuses villes de France reprenant le concept (Pamiers, Nantes, Brest, Nice, Perpignan, Sceaux, Strasbourg, Montauban, Douai, Decazeville, Avignon, Castanet, Bayonne, Le Bugue, Villeurbanne…) et deux à l’étranger (Leewozder en Frise, Liège) avec des fortunes diverses. Il a aussi connu un succès « politique » : Madame Catherine Tasca, Ministre des Affaires Culturelles du gouvernement Jospin déclarait en quoi « le Forom des Langues de Toulouse avait changé le regard que le gouvernement portait sur le problème des langues », et Bernard Cerquiglini, délégué général à la langue française et aux langues de France décidait de soutenir notre Forom comme « pionnier » dans la réflexion sur ce sujet.
Mais c’est dans le domaine intellectuel que notre réussite est la plus grande :
1 – C’est dans le cadre du Forom que s’est pensé et s’est déclaré formellement notre proposition de Nationalisation des Langues et Cultures de France, qui s’oppose à toutes les revendications régionalistes (puisque nous voulons que tous les français, d’où qu’ils soient et où qu’ils soient, puissent s’initier aux langues/cultures de France, reconnues et gérées comme patrimoine national) et les blocages centralistes.
2 – C’est aussi dans le cadre du Forom que s’est pensée et déclarée notre projet de Déclaration sur les Devoirs envers les Langues et le langage (lancée par Henri Meschonnic en 2001) qui prend à revers tous les nationalismes linguistiques qui ne connaissent les langues que comme outils de communication.
Les invités
Bernard Cerquiglini, Abraham Bengio, Rafael Confiant, Alain Rey (prononcer «rèï», please !), Christiane Marchello-Nizia, Régine Blaig-Meschonnic, Gérard Dessons, Xavier North, Michel Alessio, Félix Castan, Suzanne Citron, Jean Sibille, Jean Vilote , Eveline Charmeux, Marcel Courthiade, Mohamed Benrabah, Michel Quitout, Adil Jazouli, Alain Daziron, Alain Gabrieli, Alessandro Michelucci, André Minvielle, André Rosvègue,Anne Brenon, Astrid Roche, Auréli Argémi, Belkacem Lounes, Bernard Poignant, Bernard, Py, Brigitte Garcia, Brigitte Rasoloniaina, Catherine Hugonnet, César Itier, Chloé Laplantine, Henri Giordan, Christian, Lagarde, Christian Lavialle, Christophe Simon Cicero, Pontes, Wakay, David Grosclaude, Dominique Broussal, Dominique, Caubet, Elena Grigoras, Elodie Herisson, Eric Fraj, Eric Marie, Ernest Pepin, Euan Reid, Evaristo Nugkuag Ikanan, Fabio Montermini, Ferran Ferrer, Florian Vernet, Francis Goullier, François Lo Jacomo, Frederic Callens, Gabriel Okoundji, Georges Daniel Véronique, Georges Kersaudy, Gerard Onesta, Ghjacumu Fusina, Giovani Agresti, Giovanna Campani, Gloria Bordons, Guilhem Latrubesse, Guillermo, Alvarez, Nicanor, Guy Latry, Halima Sahraoui, Hélène Breton, .J Duns, J acques Poumarède, Jacques Selles, Janez Sumrada, Jean-Charles Valadier, Jean-François Marcel, Jean-François Mariot, Jean-François Paroz, Jea-Louis Oheix, Jean-Luc Nespoulous, Jean-Marc Buge, Jean-Marie Woehrling, Jean-Paul Henkes, Jean-Pierre Thomin, Jean-Yves Le Disez, Jochen Blaschke, Joëlle Cordesse, John Maker et Vann Bighorse, Joseph Alemu, Joseph Yacoub, Kiman Uch, Leila Boutora, Ilona Koutny, Lluis Fornès, Lorian Fairall, Louis Pastorelli, Manijeh Nouri- Ortega, Manjato Lalasoa Rabeharinira, Marie Déqué, Marie Laure Desvenain, Martine Faure, Martine Kervran, Max Brisson, Michel Adnès, Michel Ducom, Michel Moché, Michel Morin, Michel Poletto, Michel Quitout, Mohammed Saia Cherchari, Mustapha Qadery, Myriam Bernard, Myriam Bras, Nacira Abrous, Nathalie Perrin-Guilbert, Nicolas Quint, Nicole Belloubet, Odette Ambouroue, Ole stig Andersen, Pascal Ottavi, Patrice Beray, Patrice Dalle, Patrick Sauzet, Philip Sweeney, Philippe Castro, Philippe Laurent, Philippe Martel, Philippe Païni, Pierre Escudé, Pierre Janin, Pierre Leger, Pierre Mansire, Rabah Allam, Rémi Caron, Rémi Pech, Renaud Lescuyer, Robert Lafont, Roland Breton, Roland Garrigues, Rose-Marie Ottavi, Saïd Benjelloun, Salem Chaker, Serge Pey, Sergi Javaloyès, Sivathana Samedy, Stella Bisseuil, Yves Censi et les centaines d’associatifs qui tiennent les stands des différentes langues et se mêlent aux conversations.